My New York
Manhattan, Brooklyn, Harlem, le Bronx... chacun a une belle histoire qui le lie à New York. Trois mois dans la Big Apple se sont ancrés dans mon petit cœur, laissant derrière moi, un joli chapitre de vie. Démonstration.
Aussi loin que je me souvienne, Rosa parks et Martin Luther King...Taxi Driver et West Side Story... Franck Sinatra et Aaliyah... Vogue et Alvin Hailey... m'ont fait rêvé de New York depuis mon enfance.
Pourtant, du haut de mes huit ans, ma première visite à la Big Apple ne m'avait laissé que deux références en mémoire, King Kong et une barbe à papa bien plus grosse que ma tête. Une vingtaine d’années plus tard, l'occasion de m’envoler vers les Etats-Unis se représente. Youpi ! Je pars défiler à la fashion week de New York en septembre 2017.
A 30 ans, me voici impatiente de redécouvrir New York d'un nouvel œil moins innocent. Car il faut le dire, Trump m'avait bien saboté mon American Dream.
Pour être honnête, j'étais complètement désorientée les deux semaines qui ont suivi mon arrivée. Le choc culturel fut assez brutal, puis, au fur et à mesure, j'ai appris à comprendre New York au gré de mes rencontres.
L'immensité de la ville, le bruit incessant, la marée humaine et la "mal-bouffe" m'ont déconcertée, tandis que l'énergie captivante de Brooklyn, les "music venues", le melting-pot et l'incroyable esprit d'entreprendre des New Yorkais, m'ont littéralement bluffée.
J’ai fait la connaissance de personnalités inspirantes à New York qui vivaient de leur passion, des entrepreneurs dans l'âme. J'ai été fascinée par la cohabitation d'autant de nationalités, de religions et de métissage culturel. Voir autant de Noirs, comme moi, charismatiques, à la tête de leurs entreprises ou ayant un poste à responsabilité, m' a émue. Une mini révolution s'opéra dans ma tête.
J'avais le sentiment réconfortant de faire partie d'une communauté, de voir mes semblables, de m'identifier enfin à un groupe d'individus qui aimaient les mêmes fringues que moi, étaient aux mêmes expos, allaient aux mêmes restos, lisaient les mêmes bouquins, utilisaient les mêmes cosmétiques, écoutaient la même musique.
Mes échanges m'ont ouvert la porte à ce milieu d’Américains qui se construisent par eux mêmes, répondent à leurs propres besoins, s'auto-éduquent, sans avoir à être assistés de quiconque et encore moins du système. Un nouveau monde s’ouvrait devant moi.
Cultiver sa différence et accéder à une meilleure classe sociale sont les leit-motiv des Américains. Tout est motif de tenter quelque chose, de se jeter à l'eau." What is your story ? What bring you in NY? What projects do you personnaly work on ? What are your passions ? What do you really believed in ? What is your next step ? What is your purpose in life ? For which dream would you be prepared to sacrifice everything ? " Voilà les questions posées autour de dîners, au détour de mes rencontres et discussions. Car Les New Yorkais sont 10 fois plus «friendly » que nous Français. Ils osent la discussion avec ceux qu’ils ne connaissent pas. Et cela change tout.
Finalement, New York a élargi mon champ de vision. Elle m'a stimulée. Elle m'a donné envie de croire en mes rêves et développer mes compétences. Le fameux " « take a chance » prend à mes yeux tout son sens.
En parallèle, New York est une ville violente, remplie de paradoxes, d'injustices, de discriminations systématiques. Le racisme, le système de consommation ultra-libéral, les disparités sociales, l'ignorance et le coût de la vie exorbitant, m'ont à nouveau prouvé à quel point je suis privilégiée d'être Française. Une française des Îles, précisons le.
Mais dans quelle mesure ma communauté est-elle intégrée en France ? Peut on accéder à une meilleure classe sociale, monter en hiérarchie, lorsque l’on est autant stigmatisé chez les décisionnaires ? Que faudrait-il faire pour que les français parient aussi sur notre culture ? Quand verrai-je des designers français Noirs présenter leur collection dans le planning officiel de la fashion week de Paris ? Quand les lycéens liront-ils des bouquins d’auteurs français Noirs au lycée ? Pourquoi n’y a t-il pas de produits antillais dans le nouveau Printemps Gourmet dédié à la gastronomie française ? Pourquoi nous refuse-t-on l’entrée des beaux clubs parisiens ? Comment vais-je tirer mon épingle du jeu ?
New York m'a semblé être un bon choix pour oser, essayer et faire. Vivre entre Paris et New York est donc devenu une évidence. " If you make it in New York, you can make it everywhere"... ;)