Hadeer Omar : L’Artiste Égyptienne qui Réinvente l’Art Arabe

L'art de Hadeer Omar efface les frontières entre l’ancien et le digital. Elle fusionne l’héritage arabe avec les technologies d’aujourd’hui pour créer un art où les récits traditionnels se rencontrent avec des installations immersives, redéfinissant ainsi notre vision des mondes arabes et numériques. Son œuvre en constante évolution bouscule les perceptions et prouve que passé et futur ne sont qu’une seule et même réalité. Plongez dans cet univers où chaque pixel raconte une histoire du monde d’hier et de demain.

Deux carrières, deux mondes, une vision

« Je construis mon propre univers parallèle, où tout le monde est accepté. »
— Hadeer Omar

Née en 1988 à Alexandrie en Egypte, Hadeer Omar jongle entre deux carrières. D'un côté, elle brille dans l'art numérique, où ses œuvres mêlent technologie immersive, photographie et installation. De l'autre, elle transmet son savoir à la nouvelle génération en tant que professeure adjointe à VCUarts au Qatar, où elle enseigne la narration et les médias temporels. « Le pouvoir de la narration est infini, il n’y a pas de limites quand on intègre la technologie », explique-t-elle.

Sa double carrière prend une dimension particulière à Doha, où elle participe activement à l’écosystème artistique local. En 2019, elle est co-présidente de la conférence Tasmeem Doha Art and Design, un événement majeur pour les créateurs de la région MENA. Puis, entre 2019 et 2021, elle réside à la Caserne des Pompiers de Doha, où elle développe Fragmented Realities, une installation audiovisuelle qui interroge les fractures identitaires dans un monde globalisé. À travers ces œuvres, Hadeer Omar réinvente l'art numérique comme une forme d'expression profondément enracinée dans le quotidien et la culture locale.

Hadeer Omar, Installation “Fragmented Realities 0.2”, Qatar, 2024


Une vision mondiale, des racines profondes

Hadeer Omar ne se contente pas de repenser les frontières artistiques. Elle conquiert également les grandes scènes internationales. En 2022, elle dirige les clips musicaux « Light the Sky » et « Ezz Alarab » pour la Coupe du monde de la FIFA, marquant son empreinte dans l’un des événements les plus suivis au monde. Une collaboration en 2023 avec le festival photo Tasweer à Doha pour And Thereafter prouve sa capacité à associer narration visuelle et innovation technique.


Photographie: “ Faces I met”

Photographie par Hadeer Omar, " Faces I met"


La récompense avec “3 arabizi Keyboard

Un de ses projets les plus marquants, 3arabizi Keyboard, a été salué par la Commission européenne avec une mention honorable au prix STARTS d’Ars Electronica en 2017. Dans cette œuvre, elle met en lumière le système 3arabizi – une manière de communiquer via des lettres latines et des chiffres pour représenter l’arabe phonétique dans les messageries instantanées. « C’est un langage qui surgit de la nécessité, une réponse inventive à un problème technologique », commente-t-elle. Une œuvre qui défend une vision inclusive de la technologie, capable de soutenir la diversité culturelle.


Une vision résolument futuriste de l’art numérique

La pratique XR de Hadeer Omar s'étend au cinéma 360 avec son court-métrage "Gihan", développé au sein du Documentary Lab du Doha Film Institute, dirigé par Rithy Panh, entre 2022 et 2023. Sa quête de performance l’a amenée à collaborer avec des musiciens et des artistes sonores sur plusieurs projets, dont une performance A/V au Shubbak Festival au Royaume-Uni, ainsi que des installations comme "Sonic Jeel Performance" et "It’s Everywhere" à travers le monde.

Hadeer Omar, Installation “It’s Everywhere”, 2022

Hadeer Omar, Installation “It’s Everywhere”, 2022


Hadeer Omar, extrait de son film “Gihan”, 2023


En 2023, Hadeer a collaboré avec Sonic Jeel et Katia Kolovea sur "And thereafter", une commande qui a activé le site patrimonial du Fort Alkoot pour le festival Tasweer Qatar Photo.


Hadeer Omar, Projection “Mapping from the Rooftop”, Alexandria, Egypt, 2022


Les étudiants de ce cours utilisent la vidéo comme outil principal, tout en abordant des thèmes tels que l'éphémérité, la durée et les possibilités de l'image animée. Le projet "Simulated Fashion" leur a permis de découvrir la narration en réalité virtuelle, d’acquérir des techniques cinématographiques adaptées aux environnements 360, et de travailler en équipe. Ce projet a également challengé les étudiants à se familiariser avec la performance et le cinéma de mode. Le film final présente les collections des étudiants en design de mode de la VCUarts au Qatar.


Derrière sa pratique, Hadeer Omar nourrit une vision claire pour l'avenir de l'art numérique dans la région. Elle veut voir une plus grande ouverture à l’expérimentation, où les artistes locaux puissent dialoguer librement avec le monde sans avoir à se conformer aux normes internationales. « Nous devons cultiver la curiosité et l’expérimentation », affirme-t-elle. Pour elle, l’art numérique doit être un terrain d’exploration constant, un espace où les limites sont sans cesse redéfinies. Elle voit la technologie comme un outil pour amplifier les voix des minorités, redonner du pouvoir aux cultures locales et offrir une plateforme aux récits oubliés.

Hadeer Omar, photographie IA “ Egypt from A memory

En parallèle de ses projets, Hadeer Omar conseille aux jeunes créateurs de ne pas se fixer de frontières : « La passion est ce qui permet d’évoluer, mais il faut aussi savoir saisir les opportunités sans attendre que tout soit parfait. » Sa carrière est la preuve vivante que l’art est un terrain d’expérimentation, une aventure qui ne cesse de se réinventer, toujours plus fluide et résolument ancrée dans son époque.



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L'auteur

Bienvenue ! Mannequin voyageuse, je dévoile mon carnet d'adresses autour du globe, illustré par mes plus beaux clichés. Foodista aguerrie, retrouvez ma sélection de tables gourmandes et mes plus beaux shootings photos autour du monde. 

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