Sophye Soliveau, chœurs libres et harpe engagée

Harpiste, chanteuse et cheffe de chœur magnétique, Sophye Soliveau transforme la scène en rituel. Avec Intuition, elle tisse harpe et voix dans une transe groove où R’n’B, soul, jazz et gospel fusionnent. Un album viscéral, habité, et porté par une maîtrise vocale hors norme.

Là où le chœur se fissure

D’origine guadeloupéenne, Sophye Soliveau déploie une voix soul-jazz hors-norme, entre gospel tellurique et électrons libres R&B. Initiation (mars 2024) tisse un monde hybride — folk de chambre, minimalisme choral, groove afro-diasporique. Une voix-instrument, à la croisée d’Erykah Badu, Rachelle Ferrell, Angie Stone et Bobby McFerrin, pour tordre la norme française et révéler une autre cartographie sonore.

« C’est parce que je joue de l’instrument du colon que je peux faire mes propres choix. »
— Sophye Suliveau

Formée au conservatoire classique, Soliveau a vite pris la tangente : improvisation, chœurs organiques, groove incarné. À la tête de collectifs féminins engagés (Oshun, Maré Mananga, Bat’man de Chœurs), elle sculpte la voix comme matière vivante. Ancienne du groupe afro-groove Ábàjade, elle tire de ses racines caribéennes un pouvoir d’évocation vocal brut. Harpe et voix s’y confondent, comme une respiration multiple, une prière électrique.

Souffle, corps, cordes

Ancrée dans la “Great Black Music” d’aujourd’hui, Sophye Soliveau s’impose depuis 2020. Repérée au 40e festival Banlieues Bleues, puis au Punkt Festival en Norvège aux côtés de Jan Bang et Hamid Drake, elle affine sa signature lors de sa résidence 2023-24 à La Dynamo. Son premier EP (Initiation – Prélude) sorti au printemps 2024 précède l’album qui lui vaudra une nomination au Prix Joséphine. En parallèle, elle imagine un projet choral participatif présenté dans le cadre de Banlieues Bleues 2024.

L’album “Initiation” : liturgie intime et soul déconstruite

Premier album solo autoproduit, Initiation (Why We Sing, 22 mars 2024) est un manifeste dense de 31 minutes. Neuf morceaux, sans remplissage. Harpe dépouillée, groove minimal, silences en suspension. Le titre d’ouverture ( Initiation II: Wonder Why), long de huit minutes, frappe comme un uppercut méditatif. On pense à Alice Coltrane, Celeste, à un gospel libéré de tout dogme. Ce disque ne cherche pas à expliquer — il nous immerge.

« La harpe, malgré les combats, reste mon outil privilégié pour exprimer ma vision du monde. »
— Sophye Suliveau

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L'auteur

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