Simon Diebold : Entre chair et mirage

Simon Diebold compose des mondes sensoriels où l’étrange côtoie l’intime. Entre décors faits main, costumes, miroirs et tirages argentiques, il matérialise des émotions indicibles. Un travail à mi-chemin entre science-fiction intérieure et poésie visuelle.

De l’image de synthèse à la matière vivante

Il y a des images qui dérangent doucement. Qui flottent dans un entre-deux étrange, comme des rêves qu’on n’arrive pas à recadrer au réveil. Celles de Simon Diebold en font partie.

Simon Diebold, “Floating Thoughts”, 2021-2024

« La photographie n’a jamais été pour moi une obsession de la caméra… L’appareil n’est qu’un outil parmi d’autres. Ce qui m’obsède, c’est l’image finale, et j’utiliserai tout ce qu’il faut pour faire sortir ce que j’ai en tête dans le cadre.  »
— Simon Diebold

Simon Diebold, “Theater of dreams”, 2024

Formé au VFX dans les coulisses brillantes des studios Lucasfilm à Londres, passé par ESMA Montpellier, le photographe franco-alsacien a d’abord appris à bâtir des mondes en pixels. Mais très vite, il a ressenti le besoin d’échapper à l’écran. De troquer les reflets bleutés des rendus numériques pour la matière brute d’un rideau peint à la main, la texture d’un tissu rêche, la lumière crue d’une ampoule suspendue dans le noir.

Aujourd’hui basé à Paris, Diebold fait glisser son imaginaire du virtuel vers le tangible.

Illusions faites main

Simon DieBold, “If my earth was flat”, 2024

Dans son studio partagé avec le photographe Gabriel Lenoble, il expérimente sans relâche : couture, peinture, sculpture, miroirs déformants, impressions argentiques à la main. Ici, tout ses modèles deviennent des créatures fragiles fait maison, à l’instinct, au détail près.

Simon Diebold, “ Deconstructed”, 2024

« Chaque séance est différente… Parfois je peins sur les photos, parfois je colle différents éléments ensemble avant de photographier le tout à travers un miroir déformant. J’adore cette liberté de création, parce que tout devient possible. »
— Simon Diebold

Ses modèles deviennent des créatures fragiles, aux postures cassées et aux regards pleins de fêlures. Ils n’existent ni tout à fait dans notre monde, ni ailleurs. Leur peau a le grain des vieux polaroids, leur présence, celle de spectres élégants. Ils surgissent comme des hallucinations familières — entre transe, mode et théâtre intérieur.

Corps flous, réalités fragmentées

Simon Dielbold, “Le Wonder”, 2025

Diebold cultive une esthétique du trouble. L’image est toujours travaillée, jamais figée. L’étrangeté s’y glisse comme un fil conducteur, tendu entre le fantasme et la mémoire.

Finaliste du Prix Picto au Palais Galliera (2023), exposé sous l’œil d’Hannibal Volkoff à la Galerie Hors-Champs, il étend depuis sa vision à l’international : Shanghai, Pékin... et au-delà.

En février 2025, il présentait The Freaks dans Le Ballet des Dieux, une procession d’êtres hybrides mi-fabriqués, mi-hantés. Depuis, quelque chose bascule. Sur Instagram, il montre des visages sculptés, des corps et des cadres en volume. La surface ne suffit plus. Ses images semblent vouloir s’échapper du cadre, se matérialiser, devenir chair.

Simon Dielbolf, “Nymph 1”, collage et photographie à travers des miroirs déformants, encadrés de structures sculptées en polymorphes et feuilles d'argent, 2025

Il n’y a encore rien d’officiel. Mais une métamorphose est en cours. Et comme toujours avec Diebold : ce sera instinctif, spectral, radicalement incarné.

« Pour moi, créer, c’est inventer un espace où je peux parler de choses que je n’arrive pas à formuler avec des mots. »
— SImon Diebold

Simon Diebold, “Theatre of Dreams”, 2024


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L'auteur

Bienvenue ! Mannequin voyageuse, je dévoile mon carnet d'adresses autour du globe, illustré par mes plus beaux clichés. Foodista aguerrie, retrouvez ma sélection de tables gourmandes et mes plus beaux shootings photos autour du monde. 

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